Alors que l’on dénombre de plus en plus de cas de violences policières, la CGT dénonce le durcissement de la répression des divers mouvements sociaux et appelle à faire évoluer la doctrine du maintien de l’ordre.
En février, dans un entretien à la NVO, le sociologue Fabien Jobard avait souligné « le niveau de violence très élevé » de la force publique et du pouvoir. Alors que l’on dénombre, selon l’IGPN, 288 enquêtes pour présomption de « violences policières » depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », ces derniers, dont 450 ont été blessés gravement par des tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) ou de grenades (sur 2 500 blessés), ont demandé la réparation de leurs préjudices.
Le Conseil d’État refuse l’interdiction des LBD
La CGT et la Ligue des droits de l’homme s’étaient d’ailleurs associées dans leur recours pour interdire les LBD, mais la plus haute juridiction administrative du pays avait refusé de faire droit à ces demandes, estimant qu’il n’était pas disproportionné de perdre un œil en se rendant à une manifestation. Pourtant, selon Fabien Jobard, les LBD sont contestables en matière de maintien de l’ordre, tant « ils infligent des blessures graves et irréversibles ».
D’ailleurs, cette arme a longtemps été refusée par les CRS et les gendarmes mobiles qui la jugeaient contraire à la doctrine du maintien de l’ordre, avant que la loi Sarkozy de 2002 pour la sécurité intérieure n’encourage son usage. Cette doctrine choque, jusqu’à l’étranger : la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe s’était dit « gravement préoccupée » par la gravité des blessures provoquées. Comme l’a préconisé le défenseur des Droits, Jacques Toubon, le maintien de l’ordre doit être « pacifique ».
Les violences policières ont également touché la jeunesse du pays, comme lors des manifestations lycéennes qui ont eu lieu en fin d’année 2018. À Marseille, la mobilisation avait fait un blessé grave, tandis que chacun a encore en tête l’image des lycéens de Mantes-la-Jolie, mis à genoux et les mains derrière la tête.
La mort de Steve, illustration d’une doctrine du maintien de l’ordre qui doit évoluer
Le 21 juin, à Nantes, suite à une intervention controversée de la police pendant la fête de la musique, 14 personnes finissent dans la Loire afin d’éviter une charge policière. Steve Maia Caniço, 24 ans, est porté disparu. Son corps sera retrouvé le 29 juillet dans la Loire.
Alors que les proches de Steve, rejoints par l’union locale CGT de Nantes, se sont rassemblés à Nantes le 3 août sous le hashtag #JusticePourSteve, cet événement doit amener à s’interroger de nouveau sur la politique de maintien de l’ordre en vigueur ces derniers temps dans notre pays, où nous assistons de manière progressive à un durcissement de la répression des divers mouvements sociaux.
Dans son rapport rendu public le 30 juillet, l’IGPN avait conclu qu’il n’existait pas de lien « entre l’intervention de la police et la disparition » de Steve.