La CGT Intérieur vous souhaite une belle année 2016. Elle adresse tous ses voeux au monde du travail, salariés, retraités, privés d’emplois, jeunes. Ces voeux sont aussi l’occasion de poser le regard sur l’année écoulée et de dresser des perspectives sur celle qui s’ouvre.
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L’année 2015 aura fait suite aux élections professionnelles de décembre 2014 dans la fonction publique. Nous rappelons que la CGT est la première organisation syndicale française, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Au ministère de l’intérieur -et nous l’avons vu lors de notre Congrès de la CGT des préfectures qui s’est tenu à Aubervilliers en octobre dernier- même si les résultats des élections professionnelles n’ont pas permis à la CGT de siéger au niveau des instances nationales ministérielles, la CGT progresse et poursuit son implantation. Nous menons une activité dense et continue pour analyser et faire comprendre aux agents les politiques publiques qui nous concerne tous. De plus, nous communiquons et agissons pour la défense des intérêts collectifs et individuels des agents, malgré le peu de moyens qui sont à notre disposition, et, pour tout dire, un certain ostracisme de l’administration à l’égard de notre organisation. Ce qui prouve d’ailleurs que nos actions portent loin et fort parce que la CGT considère que le premier des droits des agents est d’être informé-es : et c’est ce que nous faisons très régulièrement, pour que chacune et chacun soit au courant de ce qui se passe dans le « merveilleux » monde du ministère de l’intérieur.
Ceci n’est possible qu’à travers l’investissement de tous les camarades du réseau CGT Intérieur. Nous tenons ici à saluer le travail mené par la CGT-Uspatmi (= la CGT des personnels administratifs et techniques), mais également celui réalisé avec les camarades de la CGT-SIC, de la CGT-POLICE, de la CGT-SNPTAS, de la CGT-OFPRA/OFII, de la CGT-FNTE…. bref, de saluer l’ensemble de l’investissement de la CGT.
L’année 2015 aura été une année terrible pour le peuple français : elle a commencé par les attentats de Charlie-Hebdo et cette immense atteinte à la liberté d’expression. A la liberté de se moquer, à la liberté de penser, à la laïcité martyrisées par la barbarie, la CGT INTERIEUR oppose sa résistance, son combat pour toutes les libertés et rend aux hommages aux victimes.
La barbarie n’amène que larmes et sang et le 13 novembre fut encore un point noir, une horreur indicible dont aucun mot ne peut amenuiser la douleur. Nous constatons que le terrorisme a touché l’esprit de toutes et tous : nos camarades, nos familles, nos enfants sont emprunts de cette terreur. Cela reste quelque part dans le cerveau.
Lutter contre la barbarie et l’obscurantisme sont nécessaires. Mais les mesures d’état d’urgence prises par le gouvernement ne peuvent satisfaire la CGT : on ne peut combattre le fanatisme et le fascisme en privant le pays de naissance de la philosophie des Lumières de libertés fondamentales, notamment celles qui permettent à chacun-e d’être jugé-e pour ses actes et non en étant soumis à l’autoritarisme du ministère de l’intérieur qui conduit des perquisitions administratives à tout-va. Si la mesure a permis, un temps de mettre la pression sur les réseaux terroristes, nous ne pouvons pas ignorer que cela a servi à limiter les critiques altermondialistes au moment de la COP 21.
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Le congrès d’Aubervilliers de la CGT-Uspatmi a permis de faire le point sur notre activité syndicale et de renforcer les équipes nationales. De ce Congrès est sortie une activité plus combative, plus organisée, plus engagée.
Et pour cela, c’est plus qu’un engagement syndical : c’est également à travers nous une lueur d’espoir. Nous avons réception de messages et de témoignages de collègues qui sont acteurs de leur liberté dans le travail grâce aux multiples interventions de la CGT Intérieur.
Nous avons décidé de ne pas nous associer au protocole d’accord sur la Qualité de Vie au Travail (remplaçant au ministère de l’intérieur la notion de risques psycho-sociaux, trop négative aux yeux de l’administration … et surtout trop proche de la vraie réalité du monde du travail actuel). Participer à ce simulacre n’aurait servi qu’à faire valider par l’administration un texte sans substance n’amenant aucune amélioration concrète pour les agents de préfecture, mais qui plus est aurait institutionnalisé les groupes de travail faisant le constat de la dégradation de la vie au travail sans amener de solutions répondant à nos aspirations. D’une manière générale nous constatons que la démultiplication des groupes de travail sert de pseudo dialogue social à l’administration.
En 2016, nous entrons dans la 6ème année de gel du point d’indice dans la fonction publique (depuis le 1er juillet 2010), avec un gel du TMO qui a conduit au gel de nos salaires. Malgré notre communication active, cela n’a fait l’objet d’aucun papier dans quelque média que ce soit, comme si les fonctionnaires ne subissaient eux aussi la baisse du pouvoir d’achat, et ce depuis des années. Quant au nouveau régime indemnitaire RIFSEEP qui entre en vigueur le 1er janvier 2016, et auquel la CGT s’oppose dès le début (contrairement à d’autres…), il introduit de fait et de droit une mise en concurrence des fonctionnaires avec le système de classement par groupes (2 groupes pour les C, 3 pour les B, 4 pour les A). Il s’agit clairement d’une remise en cause du statut des fonctionnaires puisque le RIFSEEP déconnecte le grade de l’emploi.
Nous avons vécu également vécu en 2015 la réforme territoriale de l’État, et la nouvelle carte des régions (13 au lieu de 22) qui entre en vigueur le 1er janvier 2016. Il y a désormais banalisation des plate-formes (interdépartementales, on ne dit plus régionales…), du transfert des missions (notamment des fonds européens), de la réduction des personnels, de la précarisation du personnel (vacataire, CDD, apprentis et services civiques) et l’abandon des territoires ruraux (création de Maisons de l’État).
Le résultat mitigé des grèves interprofessionnelles a également conduit l’interprétation du gouvernement à « toujours plus de réforme ». La terrible annonce (au lendemain de la grève d’octobre) que constitue le PPNG se traduit par la suppression d’au moins 2 000 emplois et la disparition des services d’accueil et des titres (certificats d’immatriculation, permis de conduire, cartes d’identité, passeports), hors services des étrangers. Ces interprétations gouvernementales sont les mêmes lorsque, quel que soit le résultat des urnes aux élections politiques, ils disent qu’ils ont « compris le message » et qu’il faut « accélérer les réformes ». Ainsi le SMIC n’augmente pas plus que ce que le Code du travail oblige le gouvernement à faire. Le « coût du travail » est désormais étendu à non pas les cotisations patronales et leurs impôts liés, mais également aux salaires !!! Le salaire, devient dans les discours et les actes, une charge patronale … renvoyant donc la notion de travail, outil de socialisation du peuple, à la poubelle.
C’est ainsi que nous avons vécu la trahison des accords de Bercy avec un PPCR (parcours professionnels carrières et rémunérations) qui certes dressait quelques maigres éléments plus ou moins intéressants, mais ces dernières étant tellement écrasées par les abjects reculs sociaux inscrits dans le texte du gouvernement que d’avancées réelles pour les agents, au final, il n’y a point. La CGT a donc refusé de s’associer à cette démarche, emportant la décision intersyndicale … mais le gouvernement s’est assis sur le rejet syndical et opérera donc sa réforme en 2016 ! Il s’agit, avec ce passage en force, d’une grave atteinte à la démocratie sociale et, disons le dis, à la démocratie tout court (principe de la règle de la majorité, dans le respect des droits des minorités). Et il a fort à craindre que les statuts des fonctionnaires continueront à être attaqués au cours de cette année à venir.
Le PPNG sera le premier combat de la CGT à la rentrée et nous allons vous inviter à faire signer la pétition demandant le retrait de cette réforme, véritable casse du service public des préfectures et des sous-préfectures. Comme nous l’avons fait depuis plusieurs semaines, nous continuerons à faire des assemblées du personnel, à diffuser des tracts. Avec en perspective une mobilisation nationale le 26 janvier.
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Pour terminer, la CGT souligne qu’elle intervient sur de très très nombreuses situations individuelles et collectives localement, nationalement. De nombreux collègues ont regagné un sourire grâce à la CGT, grâce à vous. Ceci répond à notre adage : s’il faut les convaincre un par un, alors nous les convaincrons un par un. Redonner de la dignité, de la liberté et de l’assurance à nos collègues est la plus juste des récompenses. Nous vous remercions toutes et tous de contribuer à cette œuvre collective.
La CGT Intérieur vous souhaite à nouveau, à chacune et chacun de vous et de vos proches, de passer une belle et heureuse année 2016.